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COMMUNICATION ET AUTISME

 Christophe LAMBERT, Christine HIRSCH & Sylvie MARCHAL

Groupe de travail de 3° Année, étudiants infirmiers supervisés par

Anne-Marie Waldschmidt, éducatrice  spécialisée et formatrice

 

Introduction

Qu'est-ce que l'autisme ?

Les symptômes autistiques

Les troubles du comportement

 

 

 

Définition et Description de l'Autisme:

 

"Pourquoi n'ai-je jamais droit à un regard empreint d'affection et de gratitude ? Pourquoi rit-il lorsque je pleure, plutôt que de pleurer avec moi ou de demander la cause de mon chagrin ? Pourquoi est-il gentil avec moi lorsque j'ai un noeud bleu dans les cheveux, et pas lorsque j'en ai un rouge ? Et pourquoi, lorsqu'il pleure et que, pour le consoler je le prends sur mes genoux, pleure-t-il de plus belle ?

Lorsqu'il est frustré, il dit "les trains démarrent". S'il veut aller sur la balançoire, il dit "les oranges sont finies".Il chantonne des journées entières "le train fait tchouk tchouk" et quand je vais avec lui à la gare et que je lui demande ce qu'il voit, il me répond "des spaghettis avec des boulettes".

(L'autisme, aspects éducatifs et médicaux par Dr C. GIUBERT et T. PEETERS)

 

 

 

Qu'est-ce que l'autisme ?

"Une personne normale ne peut pas comprendre pourquoi une mère permet à son enfant de se frapper la tête contre le mur, ou pourquoi elle ne le punit pas lorsqu'il renverse son sac dans la charrette pendant les courses au magasin".

En quelques mots, les personnes atteintes d'autisme ont des difficultés à appréhender les symboles, tout comme d'autres ont des problèmes visuels ou auditifs.

Le fonctionnement de la société dans son ensemble est régi par des symboles. Le langage en est un excellent exemple : Les sons désignent -c'est à dire symbolisent- à la fois des choses, des actes, des pensées, des sentiments. La société utilise constamment des symboles : signes de tête, sourires, poignées de main... Et on sait que les personnes atteintes d'autisme ont d'importants problèmes avec les contacts sociaux et toute forme de langage.

Les personnes autistes vivent ainsi dans un monde qu'elles ne comprennent pas, ou difficilement, et au sein duquel elles ne peuvent pas ou presque pas se faire comprendre. Il n'est donc pas étonnant que les autistes se retirent apparemment de ce monde, et manifestent de temps en temps leur impuissance, en se frappant la tête contre les murs ou en hurlant de colère. C'est précisément cet isolement qui est à la base du nom donné à la maladie : du grec autos : soi-même.

Tout comme un handicap visuel ou auditif, les personnes atteintes d'autisme nécessitent une éducation et une prise en charge adaptées à leur handicap. Cette éducation et cette prise en charge sont essentielles, si on souhaite donner la possibilité aux personnes atteintes d'autisme, et à leur entourage, de vivre une existence satisfaisante.

 

 

Les symptômes autistiques

Pour pouvoir être appelé autiste, un enfant doit présenter des symptômes caractéristiques avant l'âge de 30 mois.

1- Irrégularité du développement

L'évolution normale des enfants, depuis le plus jeune âge, est observée selon 3 axes classiques coordonnés entre eux :

- le développement moteur

- les comportements socio-adaptatifs

- les processus cognitifs

En ce qui concerne les enfants autistes, il peut exister des retards si l'une des fonctions sur un de ces axes ne commence pas au moment voulu. On peut également observer des périodes de régression avec perte des acquisitions antérieures, et également des démarrages soudains dans le développement. Ces irrégularités du développement, typiques de l'autisme, permettent de différencier l'autisme de l'arriération mentale.

2- Réponses anormales aux stimuli sensoriels

L'enfant autiste réagit anormalement aux perceptions sensorielles. La réaction peut être excessive ou atténuée, et se produire pour tous les organes des sens.

- symptômes visuels

Un enfant peut regarder les dessins sur la tapisserie, dans des livres pendant des heures. Il peut exister une sensibilité inhabituelle à la lumière (fixer une lampe qu'on allume, qu'on éteint, regarder un flash...).

L'enfant fixe parfois certaines parties de son corps (mains, doigts...), ou, tout ce qui tourne. Le symptôme visuel le plus commun est la reconnaissance de modèles visuels et la volonté de les maintenir (refus de changement). Cette capacité à reconnaître la disposition des choses et à en conserver l'ordre avait été observée par KANNER et appelée désir obsessionnel d'immuabilité. C'est la réponse anormale de l'enfant sur le plan des perceptions visuelles.

- symptômes auditifs

Il est fréquent que les enfants autistes ne réagissent pas aux sons ou semblent sourds ou encore répondent seulement à certains sons et semblent ainsi posséder une audition sélective. Mais l'enfant autiste est capable de faire attention à un nouveau son, tel qu'un klaxon, une publicité à la télévision, un bruit de moteur, un instrument de musique dont le son est inhabituel.

L'enfant plaque souvent ses mains sur ses oreilles. Ce fait alterne avec des périodes pendant lesquelles l'enfant va s'intéresser à des bruits répétitifs comme chantonner, faire claquer se langue ou frapper en cadence des objets.

L'enfant qui est insensible aux sons un jour, peut très bien un autre jour, placer son oreille contre le piano ou le haut parleur du poste de radio.

- le toucher, la température, la douleur

L'enfant peut passer des heures à frotter différentes surfaces avec la main, à transporter avec lui des morceaux de ficelle ou de tissu qu'il caresse. L'enfant autiste qui se cogne ou se blesse réagit de façon atténuée (se cogne ou se mord volontairement).

La texture de la nourriture est également importante pour certains enfants qui n'acceptent qu'une nourriture passée au mixeur, et qui recrachent tout morceau n'ayant pas la dimension requise. Les changements de température peuvent également provoquer des réactions intenses.

3- Mobilité et symptômes proprioceptifs (relatifs à l'attitude, aux mouvements, à l'équilibre)

L'enfant autiste peut conserver longtemps des postures et des attitudes qui peuvent durer des heures (balancement, battements des mains). Ces comportements se produisent pas intermittence.

4- Trouble de la communication

- Langage

Le langage peut ne pas apparaître, on dit alors que l'enfant est mutique. L'enfant peut aussi présenter un retard de langage, qui peut ensuite régresser, disparaître ou être parfaitement normal.

- Processus cognitifs

La capacité de donner une signification symbolique et de traiter l'information peut être réduite au minimum, apparaître tardivement ou être limitée à certains domaines spécifiques. Si les compétences cognitives apparaissent tardivement ou sont limitées, la personne autiste sera classée dans la catégorie "handicap mental profond". Souvent, certaines capacités cognitives sont présentes mais ne peuvent être employées parce que d'autres sont absentes. Les enfants autistes ont, vers 6-7 ans, des capacités cognitives satisfaisantes, mais une conscience sociale pauvre.

L'écholalie est le fait de répéter sans cesse un discours, une phrase récente ou passée. Elle est normale entre 18 et 24 mois. Elle peut être retardée ou tardive, la personne répète alors ce qu'elle a entendu il y a un certain temps. L'enfant écholalique est capable de répéter des phrases entières, des paragraphes, en respectant l'intonation et l'émotion, en dehors de tout contexte.

- Communication non-verbale

Les enfants autistes présentent généralement une absence ou un retard dans le développement gestuel. Certains ont les capacités d'attribuer une valeur symbolique normale aux mouvements des mains, aux postures, aux mimiques et peuvent ainsi communiquer par le langage gestuel, ce qui permet de développer et exploiter des processus cognitifs. Pour les autres, compte tenu de leurs difficultés à communiquer, nous ne sommes pas capables d'évaluer leur capacité à attribuer cette valeur symbolique.

Au fur et à mesure que l'enfant grandit, le langage peut apparaître et disparaître. L'éducation doit alors se faire par un système adapté à chacun et avec une certaine persévérance.

5- Troubles de la relation avec autrui, avec les évènements et les objets

Contrairement à ce qui se dit, les enfants autistes entrent en relation, mais d'une façon anormale, ils ne présentent pas une incapacité à entrer en relation avec autrui. Lorsque le développement de l'enfant s'est arrêté à un stade précoce, celui-ci ne manifeste aucun intérêt à regarder le visage ou les yeux, mais même l'enfant le plus atteint peut progresser et parvenir à établir une relation affective avec son entourage.

Les troubles de la relation peuvent être observés dès les premiers mois de la vie. Les enfants autistes n'ont pas de gestes anticipateurs pour être pris dans les bras, mais ils peuvent avoir brusquement un démarrage rapide du développement, et commencer à entrer en relation d'une façon plus élaborée.

Fréquemment les enfants autistes sont très attachés à des objets qui leur procurent des sensations répétitives et immuables. Ces objets deviennent leurs "jouets", ils les emmènent partout. Les enfants autistes peuvent avoir une façon particulière de réagir aux événements qui se produisent dans leur vie, surtout s'ils perçoivent le temps de façon normale ou s'ils sont sensibles à ce qui est visuel.(déplacement d'objets, déroulement routinier perturbé...)

 

Les troubles du comportement

Les personnes autistes se distinguent par l'importance de leurs troubles de la communication et de l'intéraction sociale, par leurs comportements stéréotypés et leur angoisse démesurée face à tout changement. Cette résistance aux changements se manifeste aussi par un refus de l'apprentissage.

Ce rejet de la pédagogie découle de leur incapacité à appliquer les processus d'apprentissage et d'adaptation aux exigences de la vie sociale, non parce qu'ils ne savent pas, mais parce qu'ils ne comprennent pas ce qu'on attend d'eux. Leur seule issue est une défense qui peut aller du simple refus à une violence contre eux-mêmes (auto-mutilation), ou à des stéréotypies.

Cette impossibilité à saisir la pensée de l'autre donne à l'observateur l'impression que l'enfant autiste "ne veut pas". Comme l'enfant ne peut utiliser le langage pour communiquer, il se sert des outils à sa disposition, l'insuffisance de son système de communication est un des facteurs clés des troubles du comportement de l'enfant autiste.

L'enfant autiste a une perception des choses très différente de la nôtre, et comme il ne parvient pas à dire la cause de ses angoisses, cela engendre un processus très pénible pour les parents et pour lui-même. Souvent, un fait mineur (changement de rideaux, objets déplacés...) va provoquer ses cris.

1- Le refus de changement

Il existe chez les enfants autistes un désir de routine, tout ce qui est nouveau les effraie. Ils doivent toujours redécouvrir, restructurer ce qui est nouveau car le langage ne les aide pas à comprendre, ils n'ont pas à leur disposition les compétences permettant d'appréhender ce qui change, sans anxiété. Il faut donc les amener progressivement à évoluer, mais en changeant une petite chose après l'autre.

2- Le repli autistique

Certains enfants autistes vivent très repliés sur eux-mêmes, n'explorent pas le monde qui les entoure. Ils ignorent leur famille, ne regardent pas les choses, ne tournent pas la tête quand on leur parle, rien ne semble éveiller leur attention. Il faut donc beaucoup de patience et de compréhension pour les amener "dans notre monde".

3- Le regard latéral évitant

Beaucoup de jeunes enfants autistes semblent ne pas voir les gens, les objets ni percevoir les situations. Ils balayent rapidement du regard ce qui les entoure, ils utilisent une vision latérale. Il faut donc leur apprendre à utiliser le regard pour communiquer.

4- Les stéréotypies

C'est un symptôme majeur de l'autisme. ce sont des actes que l'enfant répète indéfiniment. Elles peuvent être verbales, gestuelles, posturales, ... Les stéréotypies vocales sont fréquentes, l'enfant émet toujours le même son, avec la même intensité. C'est pour l'enfant un moyen de résister au changement. L'enfant a souvent recours aux stéréotypies pour se défendre face à un apprentissage, à une nouvelle tâche, c'est pour lui une situation de confort. Elles permettent à l'enfant d'exprimer son émotion, son ennui, et fonctionnent à défaut du langage.

5- L'angoisse

L'enfant autiste peut manifester une angoisse énorme dans des situations qui semblent normales, il comprend le monde d'une façon différente de la nôtre, d'où l'intérêt de bien préparer l'enfant en verbalisant ce qui va se passer.

6- Les colères, les hurlements

Pourquoi l'enfant pleure-t-il ? La plupart du temps pour des faits qui paraissent minimes, c'est une fois de plus, la disproportion souvent constatée entre notre façon de réagir et celle des enfants autistes. Les choses n'ont pas pour eux les mêmes valeurs.

7- L'enfant autiste et les sensations

Ce sont des problèmes fréquents surtout pendant les premières années de la vie. L'enfant peut refuser tout contact, tout vêtement, ou vouloir porter toujours les mêmes (difficulté d'adaptation à des sensations nouvelles, hypersensibilité).

L'enfant autiste ne semble souffrir ni du chaud ni du froid, il peut être, à des moments différents, très attentifs aux sons, ou au contraire totalement indifférent. Il peut être attiré par la lumière, les effets lumineux, passer de longs moments à filtrer la lumière à travers ses doigts.

8- L'enfant autiste et la douleur

L'enfant autiste ne semble pas souffrir lorsqu'il se blesse, lorsqu'il se mutile. Ne sait-il pas manifester ? Ne perçoit-il pas la douleur? N'en a-t-il pas l'expérience? Ses perceptions, ses sensations sont différentes des nôtres, il faut lui apprendre à comprendre son corps et à percevoir les dangers d'une blessure.

L'enfant peut être agressif, soit vers lui-même, soi vers autrui. cette agressivité très développée peut être un appel, l'enfant étant en difficulté pour demander autrement. Les difficultés de communication rendent plus difficile la canalisation, le contrôle social de cette agressivité, elle est souvent disproportionnée et peut effrayer l'entourage.

L'agressivité se manifeste le plus souvent avec les personnes que l'enfant aime, il faut alors interrompre cette situation. Permettre à l'enfant de frapper les autres quand il a quelque chose à demander, c'est très vite le condamner à être exclu de la société.

Les mutilations sont pénibles et traumatisantes pour l'enfant et sa famille, elles sont plus fréquentes chez l'enfant mutique. La mutilation a toujours une signification (enfant inoccupé, mécontent, inquiet, qui a besoin de quelque chose, qui souffre, qui veut attirer l'attention...), elle est souvent le seul langage de l'enfant.

9- L'inconscience du danger

Souvent l'enfant autiste ne perçoit pas les dangers qui l'entourent, car sa connaissance n'est pas fondée sur l'expérience. S'il s'est brûlé une fois, il peut recommencer sans appréhension. L'enfant autiste ne vit pas la douleur comme les autres enfants, il peut se faire mal et recommencer un acte dangereux peu de temps après.

10- Alimentation, sommeil, propreté

L'enfant autiste peut, dès son plus jeune âge, refuser certains aliments, manger de façon irrégulière, marquer sa préférence pour une alimentation mixée. Certains ont des difficultés à mastiquer, à avaler, il peut alors exister un problème de motricité, de coordination, d'incompréhension de l'acte d'avaler.

Les insomnies sont fréquentes, surtout dans la petite enfance. L'enfant ne semble pas avoir besoin de sommeil. Quelques fois il peut vouloir dormir par terre, dans un couloir, dans un fauteuil.

L'absence de propreté est également un problème très fréquent chez l'enfant autiste. Certains ont acquis la propreté diurne, d'autres aiment jouer avec leurs excréments, sont amusés par la saleté. La propreté et la saleté n'ont qu'une valeur sociale et ne signifient donc rien pour l'enfant autiste. De plus, il supporte mal la contrainte, l'apprentissage est long et pénible, pour la famille et l'enfant.

Il est donc important de noter que le manque de communication chez l'enfant autiste est facteur d'un certain nombre de dysfonctionnements, de troubles et surtout d'adaptation sociale.