Communauté Européenne

LE DEFI

 

Selon les estimations d’Eurostat, fondées sur des enquêtes nationales menées dans dix Etats membres (entre 1991 et 1992) de grandes similitudes existent à travers l’Union pour ce qui concerne la proportion de la population qui est atteinte d’un handicap (environ 12%). Les disparités ne concernent que l’Espagne, où le chiffre est bien plus élevé (15%) et la France, la Grèce ainsi que le Portugal, où il est plus faible (10%).

Les personnes âgées sont surreprésentées parmi la population atteinte d’un handicap. Dans la totalité des pays, entre 35% et 45% des personnes handicapées ont 65 ans ou plus – sauf en Allemagne (45%) et en Espagne (55%). Moins de 3% sont âgées de moins de 20 ans ; dès lors, selon les mêmes estimations, entre 45% et 65% des personnes handicapées au sein de l’Union sont en âge de travailler, ce qui représente 6% à 8% de la population âgée de 15 à 64 ans.

Les personnes atteintes d’un handicap constituent une population extraordinairement hétérogène. La (les) limitation(s) qui touche(nt) une personne peu(ven)t découler d’un large éventail de déficiences qui ont différentes retombées sur sa participation dans la société.

Le handicap est un concept à facettes multiples, qui découle de la relation entre une personne et son milieu. Il désigne, typiquement, une limitation des activités du sujet, due à une déficience physique ou mentale. Les choses deviennent complexes, cependant, si l’on considère qu’une personne limitée dans sa capacité à agir dans un milieu ne l’est pas nécessairement dans d’autres environnements. En outre, la condition de la personne handicapée peut dépendre des compétences ou des aptitudes de l’intéressé avant l’apparition de la déficience et de la façon dont cette déficience a réduit ou détruit ces aptitudes. Par exemple, on pourrait considérer qu’une pianiste de concert qui perd sa main est atteinte d’une incapacité professionnelle, contrairement, peut-être, à un chanteur qui se trouverait dans la même situation.

Les handicaps touchent d’une manière disproportionnée les minorités ethniques et les couches socio-économiques moins élevées. Une autre caractéristique de la population handicapée, que révèlent de nombreuses enquêtes, est un faible niveau d’éducation.

A l’évidence, la question des personnes handicapées est un thème d’intérêt général majeur en Europe. Les évolutions constitutionnelles et législatives récentes dans un certain nombre d’Etats membres ont révélé un consensus croissant sur la nécessité de protéger les droits et les libertés des personnes handicapées et d’assurer à la fois leur pleine insertion dans la société et un droit à l’égalité des chances. Ces évolutions découlent d’une approche, qui est désormais celle de l’Union européenne, fondée sur le respect des droits civils.

La croissance des dépenses publiques qui découle de l’augmentation du nombre de bénéficiaires des programmes – passifs et favorisant la dépendance – de maintien des revenus en cas de handicap est une autre façon d’accorder une grande importance à la question des personnes handicapées. Le rapport de 1997 sur la protection sociale souligne l’augmentation remarquable du nombre de bénéficiaires des prestations d’invalidité et des dépenses qui en ont résulté au cours des quelques 20 dernières années dans plusieurs Etats membres (les Pays-Bas et le Royaume-Uni étant parmi les exemples les plus frappants). Les prestations d’invalidité ont représenté 8% de l’ensemble des dépenses de protection sociale en 1995 (entre 5,6% en France et 14,7% aux Pays-Bas), soit autant que les prestations de chômage. La dernière enquête britannique sur les forces de travail révèle que si 43% des personnes handicapées travaillent,, 51% de celles qui ne travaillent pas sont catégorisées comme inactives, alors que 34% d’entre elles souhaitent exercer un emploi.

Si l’évolution démographique se poursuit comme aujourd’hui pour ce qui concerne le rapport entre la population active et inactive, l’attention des décideurs devrait se porter sur la charge économique croissante que la population active est appelée à supporter. Dès lors, et compte tenu également de la possibilité d’une future pénurie de main-d’œuvre freinant la croissance économique, on voit à la fois combien il importe d’éliminer les facteurs qui pourraient dissuader de travailler ceux qui sont en âge de le faire et d’encourager/aider davantage de personnes, à la marge du marché du travail – des personnes handicapées dans de nombreux cas – à devenir économiquement actives.

A cet égard, il convient de relever que les taux de chômage des personnes handicapées sont plus élevés que dans le reste de la population active. L’enquête britannique sur les forces de travail (1997-1998) fournit certaines données sur ce point. Le chômage des personnes handicapées est deux fois plus répandu que celui des personnes sans handicap (11% contre 6%). L’exposition au chômage de longue durée est plus grande elle aussi. 43% des personnes handicapées sans emploi le sont depuis un an ou plus. Comme pour l’ensemble de la population, les hommes handicapés sont plus nombreux à travailler (36%) que les femmes handicapées (25%). Au niveau de l’Union, la proportion des personnes qui travaillent est bien plus faible chez les personnes handicapées que dans le reste de la population, bien qu’elle soit généralement plus forte dans les Etats membres où le niveau global d’emploi est élevé, ce qui suggère que ce dernier facteur est une condition préalable à l’augmentation des possibilités d’emploi pour les personnes handicapées.

Pour toutes les raisons qui précèdent, la question des personnes handicapées devrait demeurer un thème d’intérêt général majeur qui, en l’absence d’interventions efficaces, devrait se traduire par une pression accrue sur les programmes de maintien des revenus et sur les services, et par une augmentation globale des coûts pour les pouvoirs publics.