Sexualité – Affectivité

 

(Anne Marie Waldschmidt - éducatrice spécialisée)

 

 

 

Les personnes déficientes intellectuelles sont d’abord des enfants qui naissent comme chacun d’entre nous et deviennent très vite des hommes et des femmes. C’est le sort de tous c’est le leur aussi.

 

Ils ne sont pas des êtres a-sexués dépourvus de sensibilité, d’affectivité, de sensualité. Ils ressentent les mêmes besoins, les mêmes désirs que nous mais ont parfois des difficultés à l’exprimer.

 

Le langage non-verbal a sa place, un sourire, un regard, un geste, peuvent exprimer le désir de tendresse, l’appel de l’autre, le rejet.

 

Dans leur contact avec l’autre, l’important est de leur faire comprendre que dans toutes relations il faut respecter la liberté de l’autre.

 

Les parents sont désemparés devant la transformation du corps de leur enfant d’autant qu’il reste enfant dans sa tête. Ils gardent toujours le désir inconscient de le garder enfant, refusant le manque d’évolution intellectuelle en rapport avec l’âge réel et l’évolution du corps. Ils n’acceptent pas l’idée que leur « enfant » ait des désirs sexuels.

 

Les personnes déficientes intellectuelles sont comme tout le monde. Les filles ont leurs règles, ils et elles ont des besoins, leur vie sexuelle est pour la plupart solitaire. La masturbation est d’autant plus fréquente et longue que le déficit mental est sévère.

 

Nier la sexualité, c’est la rendre explosive, il faut apprendre à l’apprivoiser à la socialiser. Il faut donner à ces personnes, comme aux autres enfants « dits normaux » des règles de bienséance (on n’embrasse pas tout le monde, on ne se déshabille pas n’importe où.)

 

A l’âge adulte, la tendresse de papa et maman, le cocon familial ne suffisent plus. Il y a des tensions et les personnes ne se supportent plus. Ils deviennent chacun prisonnier de l’autre. Ils ont la même recherche, le même désir de trouver l’âme sœur que leur fratrie et si on se moque, ils le vivront très mal, ne comprendront pas pourquoi, eux, n’auraient pas ce même droit.  

 

Dans le désir sexuel, il y a avant tout pour eux un désir de propriété. « C’est mon copain…on n’y touche pas ». Même en amitié, j’ai vu une jeune fille interdire à une autre de parler à une troisième.

 

Ils sont capables d’une fidélité à l’autre si l’autre ne fait pas faux bond.

 

Le désir de vie à 2 n’est pas forcément un désir sexuel, c’est avant tout un désir d’être ensemble.

 

Dans la prise en charge, tant familiale qu’éducative, un bon moyen de calmer leurs pulsions c’est de les inciter à faire un sport qui défoule ou de les diriger vers des activités artistiques qui leur permettraient de s’exprimer à travers l’art ou la création artistique, les aider à prendre conscience de leurs limites.

 

Ils ont du mal à se fixer et se cherchent en côtoyant un copain, une copine, ils croient que demander à l’autre d’être son copain ou sa copine et avoir son accord c’est être liés pour la vie. Ils ont du mal à comprendre ce qu’est le sentiment amoureux, et croient qu’avoir un copain c’est aimer mais surtout être comme tout le monde. Quand l’amour leur tombe dessus, s ‘il y a la moindre faille c’est la catastrophe.