Réflexion de psychologue

 

(Sandrine Sigronde - Psychologue)

 

    Bien qu’à priori il soit de nos jours plus facile d’aborder ce thème en institution, la sexualité reste un sujet complexe.

 

    D’une part chacun d’entre nous est porteur de valeurs qui lui sont propres, liées à l’histoire, l’éducation reçue, le milieu socioculturel…

   D’autre part, les faits marquants de l’actualité qui nous entoure et que les médias rapportent, nous invitent à être plus prudents, plus vigilants, tant peut sembler parfois lourde la responsabilité qui incombe à chacun, à défaut de pouvoir se raccrocher à un discours collectif et partagé sur ce thème.

 

    En permanence, l’accompagnement des personnes atteintes de handicap intellectuel lourd nous amène à être confrontés à des paradoxes :

 

   Nous devons garantir le bien-être physique et psychique des personnes, mais dans le même temps réprimer voire interdire certains comportements jugés trop « affectifs ».

 

   Nous cherchons le plus possible à prendre en considération les personnes atteintes de handicap dans leur globalité et dans le même temps « oublions » d’évoquer publiquement une partie d’elles mêmes, précisément celle qui touche la sphère affective et sexuelle.

 

   Nous devons garantir leur droit à l’intimité mais sommes dans l’incapacité parfois de leur permettre de vivre concrètement cette intimité (espace collectif, chambre double…).

 

   Nous défendons leur droit à pouvoir bénéficier d’un accompagnement dans des ateliers qui précisément induisent le désir de plaire à soi et aux autres (atelier esthétique) et sommes démunis lorsque nous voyons s’exercer des rapports de séduction entre les personnes.

 

 

 

Durant plusieurs mois, nous avons échangé à ce propos en équipe pluridisciplinaire, puis partagé nos réflexions avec les familles des personnes accueillies.

   Nous n’avons à aucun moment eu la prétention d’apporter des réponses aux questions qui se posent, mais notre souhait a été de partager avec les autres professionnels et avec les familles nos doutes, nos craintes, nos contradictions à ce sujet.

 

    Mais surtout, nous avons souhaité dire que l’accompagnement d’adultes, bien qu’atteints de handicap intellectuel lourd, nous amène aussi à nous interroger sur ce thème..

   

Pour certaines familles, c’est comme s’il s’agissait d’une révélation d’autant plus douloureuse qu’elle paraît soudaine et non préparée.

   Le plus souvent, elle s’inscrit dans le cadre d’un événement qui a posé problème sur le plan institutionnel. Or, n’attendons pas qu’il y ait « problème » pour en parler !

 

    Certes il n’y a pas une mais des réponses possibles… Il est nécessaire d’en parler ouvertement avec les professionnels et les familles et ceci le plus tôt possible, avant même que les personnes deviennent adultes.

 

 

 

 

 

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