SNOEZELEN

 

 

 

Mise en place d’un Espace Snoezelen dans un Foyer d'Accueil Médicalisé en février 1999

Par Sandrine Sigronde Psychologue

 

 

Qu’est ce qu’un Espace Snoezelen ?

 

Le terme « SNOEZELEN » est issu de la contraction de deux mots « SNUFFELEN » qui signifie « renifler » et « DOEZELEN », qui veut dire « somnoler ».

 

La notion de SNOEZELEN renvoie donc à l’idée de langueur, à la mise en sommeil de tout ce qui peut générer de la tension. La difficulté de retraduire mot pour mot ce terme est sans doute liée à la dynamique qu’il renferme, laquelle est essentiellement non verbale.

 

Aussi, SNOEZELEN est davantage un état d’esprit, défini par le plaisir d’être avec l’autre, d’entrer en relation avec lui sur un mode différent de celui vécu habituellement, notamment lors des actes liés à la vie quotidienne.

 

Il s’agit au delà de cela d’un espace, visant en priorité le bien-être de la personne, par le biais de stimulations sensorielles riches et variées, réellement adaptées aux capacités de l’individu, si minimes soient-elles.

 

 

Historique :

 

 La démarche SNOEZELEN est née en Hollande, à la fin des années 1970. Elle a été élaborée par deux psychologues lesquels, à l’occasion d’une kermesse dans l’institution où ils travaillaient, se sont aperçus qu’aucune des attractions « classiques » proposées ne convenait aux résidents les plus handicapés.

 

 A l’aide de matériaux de fortune (vieux projecteurs de diapositives, dispositifs de chauffage, ventilateurs, tentes renfermant des effets visuels, auditifs, tactiles, olfactifs…), ils ont constitué le premier espace SNOEZELEN. Cet espace répondait totalement aux besoins des personnes atteintes de polyhandicap.

 

 Au cours d’une rencontre organisée sur le thème du jeu par l’Association Néerlandaise pour l’étude du handicap mental et de sa prise en charge, on présenta cette démarche. Dès lors, le SNOEZELEN constitua un outil fondamental, dans le domaine de l’accompagnement des personnes atteintes de déficience intellectuelle et motrice.

 

 En France, c’est en 1991 qu’on évoqua pour la première fois SNOEZELEN, à l’occasion d’un colloque organisé par l’Association des Paralysés de France. Depuis, cette démarche s’étend et fait l’objet de réflexions nouvelles.

   Loin de constituer une technique d’apprentissage ou d’acquisition de performances corporelles, elle englobe plutôt un ensemble de stimulations basales de la vue, du toucher, de l’ouïe, de l’odorat, du goût.

 

La simulation basale :

 

 La simulation basale est destinée à des personnes qui présentent un niveau de développement tellement bas et une capacité d’action tellement limitée, qu’elles exigent de recevoir une information relative à leur propre corps et à leur environnement proche.

 

 Son but est donc de simplifier cet environnement immédiat, afin de le rendre plus accessible sur le plan perceptif. Elles constitue une offre sensorielle sans attente particulière quant à la réponse que pourra donner la personne qui reçoit la stimulation.

 

 Des études mettent en évidence le fait que les personnes polyhandicapées, atteintes au départ d’une lésion cérébrale affectant leur motricité et leur intellect, peuvent se voir ensuite atteintes dans leurs capacités par manque d’activités.

 

 Sur le plan psychologique, l’importance du contact corporel au cours du développement du nourrisson n’est plus à démontrer, notamment avec l’apport des travaux de WINNICOTT et la notion qu’il développe de « holding ».

 

 Or, les personnes polyhandicapées, mais aussi celles dont le handicap affecte gravement les capacités à communiquer avec autrui, peuvent vivre des expériences d’isolement, de douleur et d’enfermement dans leur propre corps.

 

La stimulation basale permet donc une ouverture sur l’extérieur et maintient les capacités les plus minimes. En outre, les personnes atteintes de handicap mental lourd sont toutes capables de percevoir une stimulation relevant des trois domaines fondamentaux qui sont :

le domaine des perceptions somatiques

le domaine des perceptions vibratoires

le domaine des perceptions vestibulaires

 

 

La stimulation somatique :

 

 Elle permet le développement du sentiment d’intégrité corporelle et favorise la connaissance des limites de notre corps (dedans/dehors). L’expérience corporelle primaire est développée par le toucher (par le biais des massages, par exemple).

 

 

La stimulation vibratoire :

 

 La stimulation touchant pour l’essentiel la musculature de la peau, elle ne saisit donc que partiellement le corps de l’être humain. Or, des vibrations offertes le long du corps procurent une sensation intense des os et des articulations.

   Même des personnes atteintes de surdité ou malentendantes sont en mesure d’enregistrer des vibrations et d’apprendre peu à peu que, par exemple, les vibrations produites par la voix humaine sont significatives pour la communication.

   La perception vibratoire lors d’un contact corporel (par exemple si deux personnes placent leur tête l’une contre l’autre ; conduction osseuse des vibrations) a un effet très calmant.

 

 

La stimulation vestibulaire :

 

 Elle inclut les perceptions d’équilibre, le positionnement dans l’espace, l’accélération, la position debout et la marche. Les enfants et les adultes prennent généralement plaisir à des stimulations relevant de ce domaine (il n’y a qu’à voir leur engouement pour les manèges, les balançoires, les danses..). Ces expériences permettent en outre aux personnes atteintes de handicap affectant la motricité de distinguer le mouvement de la position immobile.

 

 Le but de cette stimulation est de permettre à ces personnes de faire le lien entre des expériences visuelles, tactiles ou proprioceptives et les mouvements du corps. Elle possède par ailleurs un aspect récréatif, en ce sens qu’elle amène à faire bouger des corps, lesquels la plupart du temps restent statiques.

 

 La psychologie prénatale a montré que l’enfant dispose avant la naissance (sans doute à partir du 4ème mois de grossesse) d’une perception bien développée dans ce domaine.

La stimulation basale s’enracine dans ces expériences élémentaires et exploite des capacités de perception dont chaque être vivant dispose.

 

 

L’aménagement d’un espace SNOEZELEN au F.A.M.

 

 Nous appuyant sur ces connaissances, il nous est devenu évident qu’un espace SNOEZELEN s’avèrerait bénéfique. Nous accueillons en effet des personnes qui, du fait de leur handicap, sont en grandes difficultés pour communiquer verbalement leur univers mental, voire même en difficultés pour entrer en relation avec autrui gestuellement.

 

 Mais comme le dit P.WATZLAWICK : « On ne peut pas ne pas communiquer ! » Les regards, les postures, les mimiques faciales sont chargés de sens que nous devons apprendre à décoder. Rapidement, il s’est avéré que SNOEZELEN pouvait constituer une véritable prothèse relationnelle.

 

 Ce projet de mise en place d’un espace SNOEZELEN au F.A.M. a fait l’objet de réflexions mûries, s’est alimenté de visites constructives et a été le support de formations:

 

Découverte par deux membres de l’équipe d’un espace SNOEZELEN dans les locaux d’un I.M.P. en Belgique, peu après l’ouverture du F.A.M.

En 1994, ouverture d’un espace de stimulations multi-sensorielles, sous l’impulsion de deux encadrantes

En 1996, participation à une journée de sensibilisation au concept « SNOEZELEN » et découverte du matériel par cinq membres du personnel du F.A.M

En février et mars 1997, stage de formation intra-muros auprès de 12 membres du personnel, animé par Monsieur et Madame JACQUEMOT (Association LA FORGE).

Juin 1997, visite d’une M.A.S. dans les Vosges (Darney), laquelle est équipée d’un parcours SNOEZELEN.

12 autres membres du personnel bénéficient de la formation intra-muros.

Février 1999 : ouverture de l’espace SNOEZELEN

 

 

Constats en 2005 :

 

 Cette approche a permis à l’équipe du F.A.M. d’acquérir un certain nombre de connaissances qui apportent une autre dimension aux actes de la vie quotidiennes, aux soins prodigués aux personnes atteintes de handicap mental lourd.

 

Ainsi, le moment du bain devient un moment d’échanges, une occasion de stimuler les sens. Ou encore la mise en place d’ateliers cuisine prennent une autre dimension et peuvent alors accueillir les personnes les plus handicapées, même si celles-ci ne seront pas véritablement actrices. Leur présence se justifie amplement par l’importance des stimulations qu’offrent ces ateliers sur le plan olfactif, visuel, auditif, tactile…et gustatif.

 

 Par ailleurs, un travail d’accompagnement des familles dans cet espace a pu être réalisé. Il est intéressant de noter les modifications majeures qu’apporte la démarche SNOEZELEN dans la relation au résident accompagné.

Il n’est plus perçu de la même manière, il devient une personne capable de (capable de ressentir, de réagir, de susciter, d’être intéressé…) et non plus seulement une personne atteinte de handicap mental.

 

Ainsi, ces grands-parents qui voient leur petit fils « évoluer » dans cet espace, alors qu’auparavant les visites s’effectuaient dans la chambre, selon un même rituel enfermant les uns et les autres dans un espace où les échanges étaient pauvres et pesants. En réalité, l’image qu’ils ont de lui se modifie peu à peu, au fil des séances, et les échanges s’enrichissent : on se permet de le toucher, de le porter, de lui parler davantage.

 

 

 

CONCLUSION :

 

 La démarche SNOEZELEN apparaît donc comme un réel outil d’échanges et de vie relationnelle. Elle permet de considérer autrement la personne atteinte de handicap mental lourd et de porter sur elle un regard neuf et positif.

   Ceci ne peut que contribuer à la dynamique d’une relation, laquelle, au premier abord, peut s’avérer difficile à mettre en place.

 

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE :

 

« SNOEZELEN un autre monde »

Par Jan HULSEGGE et AD VERHEUL

1989-Editions Erasme

 

“Le polyhandicap”

sous la direction du Professuer Gérard PONSOT

CTNERHI

 

« La stimulation basale » Article rédigé par le Docteur Andrés D. FRÖHLIDE

 

« Réflexions à propos de SNOEZELEN en institution » article rédigé par J.P. MARTIN