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Le programme TEACCH

III - Les principes qui sous-tendent le programme TEACCH

 

Ce texte a été rédigé par un groupe d'étudiants en soins infirmiers de 3ème année:
(Royer-Noel Shirley,Morge Angélique,Berger Pascale,Laurent Céline,  Hocquard Aurore, Thisse Christelle)
supervisés par Mme Anne Marie Waldschmidt éducatrice spécialisée et formatrice vacataire en Instituts de Formations Médico-sociales

 

Les bases de fonctionnement de la division TEACCH ont été définies en fonction des données de la recherche empirique et de leurs implications cliniques.

 

1 - La compréhension des sujets se fait à partir de l'observation et non par simple référence à une théorie. Les descriptions cliniques de plus en plus précises et les outils d'évaluation qui ont été élaborés durant de nombreuses années de recherche permettent de saisir le fonctionnement d'un sujet et d'en tirer les enseignements indispensables pour la mise en place d'une aide efficace.

 

2 - L'aide apportée aux personnes autistes demande une adaptation. L'adaptation requise s'effectue dans deux directions complémentaires. Si l'on doit aider l'enfant à mieux s'adapter à son environnement en améliorant ses capacités de communication, de socialisation et son autonomie, l'entourage a aussi à s'adapter aux difficultés du sujet afin de faciliter et de guider les efforts qui lui sont demandés. Les besoins spécifiques de chaque enfant doivent être pris en compte. Ce processus d'adaptation réciproque vise essentiellement l'insertion sociale des personnes autistes et permet de lutter contre l'institutionnalisation qui coupe l'individu de son environnement et engendre le plus souvent l'aggravation des troubles du comportement.

 

3 - Le travail réalisé avec la personne autiste repose sur une collaboration entre parents et professionnels. Ce principe n'est pas seulement dicté par la légitimité du rôle d'éducateur que chaque parent est amené à jouer auprès de son enfant. Il correspond aussi à une nécessité d'ordre technique. En effet, l'adaptation nécessaire pour un plus grand confort de vie des personnes autistes ne concerne pas seulement le milieu spécialisé dans lequel l'enfant est pris en charge par des professionnels. Tous les environnements dans lesquels l'enfant est amené à évoluer doivent être aménagés pour faciliter la compréhension des situations et permettre la progression. De plus, les apprentissages réalisés dans un contexte doivent pouvoir être transposés à un autre cadre et reprendre ainsi du sens parce qu'ils deviennent fonctionnels et sont utilisés dans la vie de tous les jours. Les objectifs à atteindre et les stratégies à mettre en oeuvre sont donc définies en commun et la pratique de chacun, parent ou professionnel s'appuie sur la meilleure connaissance possible de la personne, ce qui requiert un partage permanent de l'information. Le rôle des parents est donc crucial car ils sont détenteurs d'une connaissance de l'enfant que nul autre peut avoir. Dès lors que le diagnostic est posé, ils vont apprendre à mieux comprendre les réactions de l'enfant, apprendre à s'ajuster à lui et à mettre en pratique les principes de l'éducation structurée, ce qui décuplera les possibilités d'utilisation de ses potentiels et facilitera son épanouissement.

 

4 - Le travail éducatif est individualisé et repose sur un diagnostic et une évaluation précise du niveau de développement de l'enfant, de ses compétences et de ses particularités. L'évaluation est réalisée de manière formelle en utilisant des instruments standardisés, mais aussi de manière informelle par le biais de l'information. Le but est de recueillir les informations nécessaires à l'élaboration d'un programme éducatif adapté à chaque enfant.

 

5 - L'enseignement proposé aux personnes autistes est structuré. Les effets de la structuration de l'environnement sur l'apprentissage et l'adaptation des personnes autistes sont maintenant bien connus. Les personnes en situation d'autisme ont des difficultés à organiser l'information, et ont du mal à traiter l'information verbale. En contrepartie, leurs points forts sont l'intégration de l'information visuelle et la mémorisation parfois extrêmement précise d'informations correspondant à leurs centres d'intérêt. Compte tenu de ces particularités et des difficultés de compréhension de l'environnement, les systèmes d'aide visuelle sont beaucoup utilisés car ils permettent d'adapter le milieu en le rendant plus lisible.

 

6 - L'approche est positive et vise la valorisation des potentialités mais avec l'acceptation des déficits. Les points forts et les capacités en émergence sont les premiers centres d'intérêt car ils permettent de renforcer plus facilement l'enfant mis en situation de réussite. Les compétences particulières des autistes, même si elles s'attachent souvent à des intérêts restreints et stéréotypés, sont sources de valorisation et peuvent être réorientés vers des capacités plus fonctionnelles et constituer un point d'appui pour l'apprentissage d'autres comportements. Au niveau des parents, cette approche positive, axée essentiellement sur les points forts de leur relation à l'enfant et sur l'aide qu'ils lui apportent permet de développer le sentiment d'efficacité personnelle, ce qui allège le stress et améliore la vie.

 

7 - Le travail réalisé avec les autistes s'appuie sur une approche développementale, et s'inspire des théories comportementales et cognitives. Les compétences à acquérir sont toujours à replacer dans le contexte du développement individuel. La progression est donc planifiée en fonction de la maturité du sujet et de son degré de préparation pour aborder une nouvelle étape. Les situations d'apprentissages sont organisées de manière à favoriser  la réussite rapide et le renforcement qui en résulte. La généralisation des compétences acquises n'est pas spontanée chez les autistes. Elle est partie intégrante du programme d'apprentissage, la temporisation à d'autres situations étant toujours préparée afin de rendre l'apprentissage fonctionnel. Les techniques issues du modèle comportemental sont utilisées dans les séquences d'apprentissage. Les troubles du comportement sont toujours analysés en fonction des facteurs individuels et d'environnement, ce qui permet de comprendre leur signification et d'y remédier par des stratégies de gestion du comportement. Des groupes de compétences sociales et d'entraînement à la communication ont aussi été mis en place. Ils permettent de solutionner de manière pragmatique les problèmes d'ajustement social.

 

8 - L'approche du sujet est globale. L'autisme a des conséquences sur tous les aspects du développement de l'enfant et les perturbations sont donc multiples. Lorsque différents spécialistes sont consultés, ils ont tendance à appréhender le problème sous un seul angle. Or l'aide apportée est d'autant plus efficace que les difficultés d'adaptation de la personne sont envisagées dans la globalité. C'est la personne elle-même et ses besoins spécifiques qui sont au coeur des préoccupations de l'équipe. De ce fait, l'optique développée à la Division TEACCH est dite "généraliste", c'est à dire que les rôles assumés par les différents professionnels ne sont pas déterminés à priori par la discipline dans laquelle ils ont été formés. Ils doivent avoir une connaissance globale de l'autisme et des différents problèmes qu'engendre cette pathologie. Ils ont à comprendre la personne aux différents niveaux de son fonctionnement et à ajuster leur pratique en fonction de ses besoins.

 

9 - Les services proposés présentent une continuité et permettent le soutien des personnes pendant toute leur vie. Les effets du handicap provoqué par l'autisme persistent chez l'adulte, même si les troubles peuvent évoluer et se modifier avec l'âge. Il en résulte une nécessité impérative de prévoir un soutien qui dure tout au long de la vie. La coordination des services est donc primordiale à chaque étape du développement, mais aussi d'un âge à l'autre pour assurer la continuité.