Témoignages
et Réactions

 

Le business du handicap (témoignage) :

Je suis issue d' une famille ouvrière de quatre enfants : deux filles et deux garçons handicapés mentaux de naissance. J' ai 55 ans et je suis à bout.

La société nous a rejetés ma famille et moi car nous étions "hors normes". Mes frères ont soufferts de ne pas être comme les autres et nous ont demandé pourquoi ils étaient comme cela. Ma mère et ma soeur sont devenues effacées alors que mon père et moi, ivres de rage impuissante, nous nous sommes noyés dans le bénévolat à tout va. Contrairement à ma soeur, je ne me suis pas mariée (la peur d' avoir des enfants inadaptés et le rejet des prétendants qui ne faisaient pas le poids). Je me suis investie dans un travail d' enseignante et puis à 27 ans, mon père est mort et j' ai aidé ma mère dans son veuvage. C' est une femme extraordinaire. Nous avons cherché à placer mes deux frères ;  seul le plus jeune a été accepté en CAT puis en foyer occupationnel. L' aîné n' a jamais pu s' adapter à une structure et nous en a fait voir de toutes les couleurs. Mener de front travail et accompagnement du handicap m' a conduit à l' alcoolisme, à l' absentéisme, à un suicide à petit feu. Je me suis sortie du produit alcool mais j' ai dû arrêter mon travail à 53 ans, à bout de force.

 Le business des actions sociales mises en place (hébergement des handicapés), (maison de retraite pour la maman atteinte de dégénérescence du cerveau) est immonde.

Contre une somme astronomique mensuelle, les recrutements en personnels ne sont pas à la hauteur. Je plains les éducateurs et le personnel infirmier de vivre dans de telles conditions qui ne rendent pas possible la prise en compte de l' humanitaire par manque de soutien financier, par manque de temps. Mais où va tout cet argent donné par les familles? augmenter les salaires des technocrates inaptes à comprendre que la beauté de la façade d' un établissement ne fait que cacher la misère humaine ?

 Je prends 4 jours de "vacances" par an car il me faut rester disponible pour toutes les démarches à entreprendre, accueillir ma famille lorsque les institutions ont décrété des vacances obligatoires à prendre par la personne handicapée. Ce n'est pas avec son A.A.H. qu'elle pourra découvrir des lieux de vacances ; alors qui lui vient en aide ? encore sa famille.

 Conclusion : ou bien on prend un bouillon de 11 heures et ainsi la société sera débarrassée de nous, les hors normes, ou bien personne n' est placé et ainsi cela coûtera moins cher à la société par contre l' état ne pourra plus récupérer des dividendes juteux qui vont de pair avec les placements. Ce n' est pas du pessimisme, c' est du réalisme.