Musicothérapie active
VERDEAU-PAILLES et GUIRAUD-CALADOU
VERDEAU-PAILLES et GUIRAUD-CALADOU
La difficulté d'application des méthodes de thérapies musicales réside dans le fait :
- de suivre le rythme de chacun
- d'arriver et de donner son rythme aux autres
- de devenir suffisamment souple et maître de soi et de sa propre technique
- de pouvoir s'extraire du groupe après avoir communiquer sa propre pulsion
La musique est basée sur le fait que tout est rythme, à commencer pour le fœtus, par le rythme des battements cardiaques de la mère alors qu'il a le sien propre. Ensuite le fonctionnement viscéral, les battements du cœur, la respiration... tout est pulsation. L'enfant prend d'abord conscience de son propre rythme puis de celui des autres.
La démarche est la suivante :
- Le sensoriel : prise de conscience de la pulsation, de sa pulsation et de celle du groupe
- Le vécu : prise de conscience des éléments rythmiques corporels
- L'exprimé : prise de conscience des moyens d'expression rythmiques, développement de ces moyens vécus et exprimés
- L'intellectualisé : " recherche de diverses formules rythmiques corporelles favorisant le dialogue, la communication, le déblocage moteur avec en aboutissement l'expression verbale"
Le plus simple est de commencer en tapant dans les mains. Le but premier est de lever les inhibitions motrices. Il faut tenir compte des difficultés des uns et des autres, certains trop raides, d'autres peu dynamiques. Ensuite, on continue avec les claquements de doigts, les pieds etc.
La méthode :
Des instruments à percussions groupés sous le terme d'instrumentarium vont permettre aux patients de se défouler, s'exprimer, faire ressortir leur affectivité en créant, en improvisant...
Déroulement chronologique de la méthode :
- Le warming-up (échauffement) : il s’agit de faire écouter à l'assemblée quelques rythmes purs (ex. Percussions africaines, jazz américain, tambours sacrés d'Haîti...). On agrémente de projections de photos ou de documents
- Présentation des instruments : un large choix de percussions est proposé à l'assemblée : tam-tam, wood-block, cymbale, tambour, maracas... Chaque personne essaie les instruments et en choisit un.
- Accompagnement rythmique : diffusion d'un rythme simple, continu, métronomique sur lesquels chacun doit créer des variations
- Création individuelle : après avoir découvert les possibilités de son instrument chacun s'exerce à trouver des thèmes rythmiques précis
- Reprise collective : chaque participant fait écouter aux autres ce qu'il a trouvé puis se fait accompagner par eux
- Création orchestrale : construction d'un œuvre collective selon une progression, accompagnant certains sentiments (impatience, joie, tristesse) quand tout le monde est d'accord sur une séquence, elle est notée
- Prolongements possibles :
La méthode ne s’arrête pas là, il faut qu’elle se prolonge par l’intervention :
- D’un instrument mélodique
- D’un lecteur ou un chanteur
- D’une danse
- D’effets spéciaux grâce à la technique
En bref, Sophie Humeau dit dans "les musiques qui guérissent" que :
"Certaines de ces techniques découlent de pédagogies actives inspirées de celles de Orff, Willems ou Dalcroze et vont dans le sens d'une adaptation, d'une rééducation, d'une socialisation. D'autres sont plus proches de la psychothérapie. D'autres enfin s'inspirent de la Psychanalyse"
.
Il part du principe que le rythme intéresse plus le corps qu’il fait se mouvoir, alors que la mélodie touche et exprime l’affectivité et que l’harmonie se réfère plus à l’intelligence.
La démarche :
Sous forme de jeu, il s’agit de sensibiliser le patient au bruit et au silence, puis passer au son musical que l’on s’amuse à moduler avec la voix tout en prenant conscience de son impact affectif pour arriver à la mélodie et enfin à construire une harmonie.
Le rythme, lui, est scandé et mimé avec tout le corps.
Cette démarche jeu-plaisir correspond aux différentes phases de l’apprentissage classique de la musique, mais suscite aussi la curiosité, la motivation et la ténacité..
(Le compositeur de Carmina Burana)
Compositeur et pédagogue allemand, Karl Orff a créé une méthode d’initiation musicale fondée sur le répertoire de la musique populaire.
Sa méthode est surtout instrumentale. Il faut voir toucher, entendre, jouer. Elle s’adresse surtout à des enfants de 4 à 7 ans.
Chant, parlé, rythmé, frappement de mains et de pieds, instruments adaptés tels un xylophone, un métallophone, un carillon, une timbale … constituent cette démarche.
Ce sont des instruments simples, autour desquels on peut danser, mimer, crier, chanter, jouer du théâtre, et que l’on peut frapper avec des mailloches, gratter avec les doigts, frotter ou caresser avec la paume, fabriquer de se mains.
Ils doivent permettre à observer, écouter, reproduire, exprimer ses sentiments, ses sensations, et dialoguer.
Dans sa méthode Karl Orff fait utiliser le plus possible des baguettes, qui permettent de créer une distance entre l’enfant et l’objet, ce qui tend à réduire la peur de cet objet.
Ce qui importe dans cette méthode c’est de sentir bien avec les sons. C’est aussi le chois de l’instrument, la façon dont l’enfant apprend à le découvrir, et la création rythmique et (ou) mélodique qui s’en suit.
Sa méthode est avant tout pédagogique mais les applications sont thérapeutiques, aussi bien dans le domaine musical que dans celui de l’expression corporelle. Elle n’est malgré tout pas véritablement rangée parmi les méthodes de musicothérapies dites actives.
La démarche :
Il s’agit de faire des exercices simples, fondés sur la respiration ainsi que des thèmes rythmiques de plus en plus compliqués, que le corps doit vivre.
Exemple : Une noire, un pas
Une blanche, un pas suivi d’une flexion du genou …
Cette méthode développe le sens rythmique et musical. Curative, elle libère "le geste intérieur ", elle désinhibe l’individu, elle permet de créer une harmonie entre :
- La perception et l’action
- Le vouloir et le pouvoir
- Les rapports humains
(Le créateur des ondes Martenot)
Sa méthode comprend des techniques d’application vivantes : jeux musicaux, association de gestes aux sons, exécution d’ensemble et peut, de par ce fait, figurer parmi les méthodes dites actives.
Pas d’instrument mais le thérapeute s’inspire d’un jeu sonore pour stimuler l’imagination du patient et pour recréer une forme de communication, en reproduisant un rythme proposé par le thérapeute, en le transformant puis en passant le message à son voisin qui prendra le relais et fera de même.
Il maintient cependant l’étude théorique de la musique.
Maurice Martenot écrit :"C’est par le rythme sous sa forme la plus directe, la plus rudimentaire, la plus instinctive, que doit commencer l’éducation musicale"